dimanche 31 août 2008

Université du MEDEF Août 2008 : Les Médias français...

VOIR EN GRAND !



Tel était le fil d’Ariane choisi cette année pour accueillir les acteurs socio-économiques majeurs français et étrangers à l'Université d'été du MEDEF 2008 !

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Les représentants économiques et diplomatiques furent accueillis à grand renfort de tapis rouge, d’éloges soutenus et même standing ovation, méritée, pour Sa Majesté le Roi Abdallah II de Jordanie. Sa prestation, en un Français excellent, puis en Anglais était convaincante. Il a invité, avec tact et motivation, les patrons Français à venir investir dans son pays.



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Le message était clair : La France, à travers le patronat français, se veut terre d’asile et d’échange de l’énergie financière et des talents.

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Laurence Parisot, dont chaque intervention était charismatique et brillante, a mis un focus particulier sur l’importance de la mission
« Union pour la méditerranée »
,
impulsée par le Président Sarkozy, pour une harmonie économique et politique entre la France et les pays du Moyen-Orient.

Sur la photo ci-dessus, Sa Majesté le Roi de Jordanie, qui inaugura avec grandeur et rayonnement l'Université d'été du Mefef 2008.

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On aura remarqué l’effort d’ouverture et d’intégration des entreprises françaises aux pays émergents jusque là ignorés (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud et Mexique).
De la nouveauté et de l’ambition donc, pour une université d’été 2008, qui a mis les petits plats dans les grands et… Qui a vu les choses en grand !

Des différentes plénières et conférences, auxquelles j’ai assisté, il en ressort une volonté féroce du patronat français d’une part, de s’ouvrir sur le reste du monde et d’autre part de se mesurer aux grands.




Le message dominant tendait à renforcer, voire dépoussiérer, l’image des entreprises et des acteurs économiques Français dans le monde !

Et pourquoi pas se comparer à la première puissance économique mondiale : Les Etats-Unis d’Amérique ?

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Je choisis de vous donner mes impressions sur les conférences-débats qui m’ont le plus marquée. Tous furent très intéressants et complémentaires parfois.
Mais, ils furent nombreux et souvent simultanés.
Il m’a donc fallu faire un choix cornélien pour essayer d’en tirer le meilleur parti.
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J’en profite pour remercier mon amie Soumia Malinbaum, porte-parole de Laurence Parisot au MEDEF qui m'a ouvert les portes de cette passionnante aventure.
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Thème du débat: Les Médias ou...

Quand les médias plombent, les médias permettent

En présence de Dominique Baudis, ex Président du CSA, journaliste et Président de l’Institut du Monde Arabe, Nicolas Beytout, PDG du groupe Les Echos, Jean-François Copé, ex Ministre, député de Seine-et-Marne, Michel Rocard, ex Premier Ministre, député européen, Alain Weill, PDG de NextRadio TV (BFM/RMC), Jean-Claude Dassier, TF1…


Les esprits étaient libres, sous le micro de Guillaume Durand, excellent animateur, journaliste cultivé et plein d'humour, fondateur et Président de GD Productions !
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La première question était d’ailleurs sans équivoques et sans langues de bois :





Peut-on encore faire du journalisme librement ?

Bien que la majorité des intervenants présents déplorât une baisse de la qualité des émissions au détriment de l’émotion et du spectacle, les avis étaient partagés.

Pour Alain Weil, la privatisation des TV et des radios libres est encore récente. Les liens et les relations entre les politiques et les journalistes sont historiques. Pour autant, il estime que les médias demeurent souverains dans le traitement de l’information. En tout cas, il en a donné la garantie concernant son entreprise.

En effet, aujourd’hui les médias sont dirigés comme des entreprises privées, avec une volonté non dissimulée de rendement. Les organismes de presse ne sont plus assez riches pour être autonomes et on tend à copier le modèle américain ou allemand, en ouvrant (comme c’est déjà le cas dans de nombreuses entités) le capital aux fonds d'investissements privés.


Doit-on considérer les médias comme un produit ? Que dire du manque d’information sur la réalité internationale dans le traitement des JT français ?


Pour JC Dassier, la première vocation de TF1 est d’être un média de masse, dont le cahier des charges stipule qu’il faut capter le plus grand nombre de téléspectateurs.


Or, ce dernier estime que "les sujets étrangers n’intéressent pas les masses"... Et de conclure que c’est aussi une question de moyen, que cela revient "cher d’envoyer des journalistes en Chine ou en Birmanie !"
Nous étions tout à fait dans la logique de Patrick Le Lay, qui a fait grand bruit dans la presse il y a quelques années, le fameux « ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible ».

Et d’ajouter, face aux caméras et aux micros « avec l’arrivée de Laurence Ferrari au JT de 20h, nous avons enfin un journal de qualité! ». No comment.



Le vrai défi ne réside-t-il pas dans la production d'émissions de masse, qui soient quand même qualitatives ?


Jean-Claude avait à l’évidence un regard d’acier sur l’aspect qualitatif de la télévision et une vision des choses bien trempée!

Pour autant, la réalité économique des médias, aujourd'hui en France, ne lui donne pas tout à fait tort... Faut-il pour autant tomber dans les extrêmes: la télé poubelle versus la télé des élites ?

Je ne le crois pas non plus.

On lui reconnaîtra le mérite d’avoir présenté des excuses publiques, au nom de TF1 et des autres médias, dits sérieux, pour l’outrage en diffamation fait à Dominique Baudis, ancien maire de Toulouse, dans l’affaire Baudis, largement reprises par les médias. Ils l’avaient mis en cause à tort. Démarche largement ovationnée par la salle et les autres intervents.


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Que dire de l'information diffusée sur les blogs ?

Le manque de qualité dans le traitement de l’information, que l’on peut trouver sur Internet et sur les blogs posent un réel problème aux grands groupes médiatiques. Cela constitue un véritable fléau pour les vrais journalistes. De l’avis général, les blogs, souvent faits par des amateurs, qui n’ont aucune culture journalistique et donc aucune légitimité, sont surtout porteurs de rumeurs et d’informations erronées ou non vérifiées.

Paradoxalement, cette absence de qualité et leur goût pour le scoop à tout prix se trouvent être un atout inespéré pour les grands médias. Les lecteurs qui veulent réellement s’informer vont, en effet, chercher l’information sur les sites officiels des grands médias reconnus.



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Selon Michel Rocard, brillant orateur qui n’a rien perdu de son aura et de son verbe, « les médias sont souverains certes, sauf pour les questions de sécurité nationale ». Avis contesté par Guillaume Durand qui, lui, pense que le devoir d’un journaliste est d’abord de « donner l’information »…

Pour l’ancien Ministre,

« les failles sont dues au système, pas aux journalistes »

et d’ajouter avec pertinence qu’il n’est pas surprenant que le spectacle a pris la place sur l’information à la télévision « puisque l’image, contrairement à l’écrit, ne peut que colporter de l’émotion, de l’affectif et du dramatique ! »

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Pour Dominique Baudis, « journaliste, c’est d’abord un vrai métier, avec des règles et une éthique !»

Le journalisme, c’est aussi un pouvoir. Au 18è siècle, Montesquieu décrivait les trois pouvoirs absolus : l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

Et l’ancien Président du CSA, érudit et mesuré, n’a pas manqué de souligner qu’aujourd’hui, s’ajoutent à ces trois pouvoirs, le pouvoir économique et celui des médias.
Or, qui dit « pouvoir » dit « responsabilité ». Le CSA (le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) joue un rôle utile, mais a un pouvoir d’action limité.


Pourquoi alors ne pas mettre en place une institution parallèle, dont le rôle et le pouvoir de régulation seraient plus significatifs ?

Selon l'ancien Président du CSA, « il faut que la profession génère des mécanismes d’autorégulation » et d'ajouter à juste titre : « les journalistes sont rarement sanctionnés pour leurs fautes, contrairement aux autres professions, tels que les magistrats par exemple ».
Applaudissements soutenus de la salle, tant le message est fort et juste… Et face à l'urgence d'une instance de régulation efficace.


*Il est certain que les groupes de presse et des médias doivent prendre leurs responsabilités et s’imposer, plus que jamais, une ligne de conduite de qualité. Le danger est de voir le pire des faux journalistes commettant leurs articles sur des blogs tenus pour crédibles.

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Pour Nicolas Beytout aussi Internet et les blogs sont une menace pour la qualité de l’information. Pour autant, les médias n’ont pas beaucoup changé, ni la réglementation.

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C’est une question de responsabilité de la part des acteurs médiatiques, selon Jean-François Copé : "il ne faut pas avoir peur de dire NON aux bloggeurs et de ne pas leur donner d’interviews ! Il faut privilégier la qualité et le professionnalisme des vrais journalistes, moderniser le débat et l’information, bien au-delà des clivages gauche-droite".
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Le fait est que la tendance générale des médias est de faire de plus en plus de divertissement au détriment de l’information de fond. « Aujourd’hui, la fonction de magistrature du chiffre a disparu » comme le remarque très justement Michel Rocard et les médias ne font même plus de démentis.

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Guillaume Durand a clos cette pléinière, mouvementée et instructive, en posant la question suivante :

Le star système est-il nécessaire dans les médias ?

Pour Jean-Claude Dassier, c’est OUI. Pour lui, le présentateur du journal de 20h est un produit, un élément qui contribue à la réussite du JT. Or, la définition de la « réussite du JT » se mesure d'abord en « audimat » à TF1.

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En somme, cette plénière aura mis en lumière une vraie divergence des attentes entre les différents médias : la plupart cherchant à délivrer une information de qualité et d’autres à faire fructifier d’abord leur rendement.
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Malgré tout, nous avons, en France, des médias de qualité et une offre suffisamment large pour satisfaire le plus grand nombre.
Il faut biensûr rester vigilant face aux dérives des nouveaux médias rapides (tels que les blogs et Internet) et travailler pour améliorer régulièrement la qualité de notre information et la force de proposition de nos programmes.

Université du MEDEF Août 2008 America, still a giant...



L’Université d’été du MEDEF 2008

Voir En Grand… Encore et Encore !


Autre plénière, autre style, autant de richesse dans l’échange






USA : Still a giant…





Qu’on l’aime, qu’on la critique et qu’on la combatte, l’Amérique, première puissance de la planète, exerce une fascination sur le monde et en particulier sur la France.


Selon Christine Lagarde, Ministre de l’économie, de l’Industrie et de l’emploi en France, la capacité des Etats-Unis à se renouveler, à innover et à créer de la richesse tient en trois points :


1 - Leur « self-esteem » (leur confiance en eux-mêmes) : leur capacité de rêver, de croire en leur rêve et en leur volonté de les réaliser.


2 - Leur prédisposition à attirer les autres et à les intégrer, notamment les investisseurs.


3 - Leur mentalité qui consiste à faire circuler l’argent, plutôt que de le stocker. C’est leur slogan « give back what you received ! » (Donne en retour de ce que tu as reçu). Ils redistribuent, en effet, une partie de leur fortune aux fondations et aux œuvres caritatives. Ils n’hésitent pas non plus à réinvestir leurs bénéfices dans de nouvelles entreprises (business angels).

Pour autant, on constate que l’économie américaine traverse une crise difficile aujourd’hui. Ce déficit a alimenté notre propre croissance économique avec un euro plus fort que le dollar.
La question que pose cette plénière est donc parfaitement légitime :



Les Etats-Unis d’Amérique sont-ils toujours des géants ?




« La crise économique importante que vit l’Amérique bouleverse le modèle américain et change le modèle mondial. Par exemple, le chômage de longue durée n’existe plus aux USA. Ils font des efforts permanents de recherche et de développement pour répondre au mieux aux besoins des travailleurs » dixit Michel Pébereau, Président du conseil d’administration de BNP-Paribas.
Et de poursuivre, « dans le futur, nous aurons besoin d’une coordination mondiale, qui n’est possible que sous l’égide des USA, tant par leur puissance militaire que par leur grandeur économique ! ».

Les cartes sont posées dès l’ouverture de cette conférence débat, l’Amérique reste donc, malgré la crise, le modèle économique absolu.


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Pour Louis Gallois, Président exécutif d’EADS, « USA is the place to be ! [L’Amérique est l’endroit où il faut être !] ». En effet, 50% de la défense mondiale se trouvent aux States, 40% des avions sont vendus aux USA, les transactions se font encore en dollar… »
Le bémol de ces louanges à la suprématie américaine viendra de Christophe de Margerie, PDG de TOTAL. Pour lui, deux problèmes majeurs se posent aux américains, sur le plan de l’énergie : l’indépendance des distributeurs de pétrole et l’environnement.

En effet, aujourd’hui le contrôle des réserves et des productions de pétrole est pris en main par les pays producteurs. Les Américains n’ont plus le monopole.
De fait, les USA cherchent par tous les moyens à développer leurs propres sources d’énergie. C’est le cas le l’éthanol, au risque de faire flamber les prix du maïs !
Petit rappel : Il existe une soixantaine d’unité de production d’éthanol aux Etats-Unis (surtout dans Iowa). Ces entités produisent 60 millions de gallons d’éthanol par an à partir de maïs.
Les raffineries produisant de l’éthanol de maïs fleurissent partout dans le Midwest. Ces raffineries vont consommer 20% de la récolte de maïs des Etats-Unis cette année !
Même les Indycar (équivalent américain des Formules 1) vont tourner à 10% d’éthanol en 2006, et à 100% d’éthanol en 2007 et 2008 !

La production d’éthanol aux Etats-Unis progresse à une vitesse telle que, pour la première fois, les agriculteurs pensent vendre autant de maïs aux raffineries d’éthanol qu’à l’exportation.
C’est le développement le plus étonnant dans les marchés de l’agriculture aujourd’hui.


Ce qui ne va pas sans poser de réels dangers pour la consommation domestique du maïs et bien sûr pour les réserves d’eau des nappes phréatiques, vampirisées par les besoins en eau du maïs… Mais ce sujet ne sera pas abordé ici…

Les USA restent tout de même le premier pays de réserve de charbon au monde.
On ne peut minimiser leur capacité extraordinaire de rebondir et leur force diplomatique pétrolière.


Alors, que peut-on attendre de l’Amérique ?


Concernant l’environnement, les Américains n’ont toujours pas signé les accords de Kyoto. Ils ne cessent d’ailleurs d’accroître leurs émissions de gaz à effet de serre, dont la concentration dans l'atmosphère terrestre est à l'origine du réchauffement climatique.

Cela dit, si les Etats-Unis ne sont pas irréprochables sur les questions d’énergie et d’environnement, il n’en demeure pas moins que nous avons encore besoin d’eux pour régler les problèmes de production d’énergie et d’environnement.
Selon le PDG de TOTAL, « Sur les cinq puissances pétrolières mondiales, trois sont européennes et une est américaine.
Les Américains doivent cesser de se regarder le nombril et nous tendre la main ! »***


La mentalité américaine, un business modèle à suivre ?
Oui, pour Loïc le Meur, Président de Seesmic qui, fort de son expérience réussie dans la Silicone Valley, soutient que la légende du rêve américain n’en est pas une.n
« On peut encore y arriver, [telle une terre promise] et trouver des investisseurs, s’y implanter et s’y développer. »
Les Américains préférant avoir des parts dans le capital des sociétés plutôt que de gros salaires, il est plus facile d’y convaincre des investisseurs privés. Même les universités sont très impliquées dans les réseaux et les partenariats avec les jeunes entreprises.
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Dominique Moïsi décrit l’Amérique comme un géant, certes ! "Mais qui doute de ses performances, de son statut et de son essence. Les USA sont dominés par la peur et s’écroulent sous l’élévation des autres puissances "
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Appréciation quelque peu radicale à mon goût, mais qui aura permis de soulever la question du possible « nouveau de visage de l’Amérique ».
Ce changement est attendu à travers l’élection du nouveau Président des Etats-Unis et « le risque de voter pour Barak Obama ! », selon David Ignatius, journaliste au Washington Post, qui craint que les Américains n’aiment pas prendre des risques en matière de politique…
Rendez-vous le 4 Novembre 2008 pour avoir la clé !
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Pour conclure, avec toutes ses failles et ses imperfections, il est ressorti de ce brain storming que les Etats-Unis d’Amérique sont toujours des géants !
Mais, ils ne sont plus seuls.
Il leur faudra désormais compter avec une Europe et un euro forts.

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En effet, face à 1,3 milliards de Chinois qui veulent consommer comme elle, mais pas être gouverner par elle, face au retour en puissance de la Russie, face aux menaces énergétiques et climatiques, aux conflits en Afghanistan, au Pakistan, en Birmanie… Et à leur incapacité à stabiliser cette région du monde… Les défis qui se présentent à l’Amérique sont nombreux et les condamnent inexorablement à une plus grande ouverture sur le reste du monde et à un changement profond de leur image à l'étranger.
L’Amérique doit effectivement redorer son blason de « Nation de Liberté » pour regagner en crédibilité face au reste du monde. Depuis 2001, elle a surtout une image de « pays oppresseur, ennemis des musulmans ».

Pour David Ignatius, « America should be more ambitious for the world and less ambitious for itself ! » (« L’Amérique devrait être plus ambitieuse pour le monde et moins ambitieuse pour elle-même ! »)
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Quant au monde occidental, il ne perd rien de son aura, mais un monde émergent ultra compétitif lui fait face.

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Faisons un rêve. Un rêve que le prochain Président des Etats-Unis sera un partenaire et un allié de l’Europe face au reste du monde (sur 6 milliards d’humains dans le monde, « seul » 1 milliard est occidental).
Fondons l’espoir que ces supers puissances seront tendre main pour la paix et créer des échanges harmonieux et pacifiques.
***La solution réside peut-être dans les liens tissés par les plateformes économiques entre ces mondes…

... Et par la concrétisation de l'Union Pour la Méditerranée (culturelle et socio-économique), tant souhaitée par le Président Nicolas Sarkosy et vivement soutenue par Laurence Parisot, Présidente du MEDEF !

Université du MEDEF Août 2008: du G8 au G13 ?

L’Université d’été du MEDEF 2008, suite...
Le soleil et les esprits lumineux étaient aux rendez-vous...







La conférence débat : Du G8 au G13 ?


Il faut saluer ici la qualité de l’organisation et des intervenants pour leur connaissance pointue des sujets traités, leur remarquable esprit de synthèse et leur pédagogie.


Petit rappel : Le Groupe des huit, dit G8 est un groupe de discussion et de partenariat économique comprenant les huit pays parmi les plus puissants économiquement du monde : les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l'Italie, le Canada, et la Russie. Ensemble, les pays du G8 représentent 61% de l'économie mondiale.
D’abord G6 à sa création en 1975, initiée par le Président Français Valéry Giscard d’Estaing, puis G7 (intégration du Canada en 1976), le groupe s’est élargi à la Russie en 1998 pour devenir le G8.
Plusieurs membres du G8, dont la France, plaident pour un élargissement du G8 pour inclure la
Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique et l'Afrique du Sud. Ce qui deviendrait le G13.

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L’animateur a surtout voulu poser la problématique de l’intégration ou non de ces pays émergents dans un G13, en argumentant autour des possibles points de discordes : culture, langues, réglementations économiques différentes, problèmes politiques (pour les pays non démocratiques), droit du travail, etc.



L’Ambassadeur de Chine en France, Son Excellence Quan Kong (à gauche sur la photo ci-dessus) n’a pas manqué de réagir, avec beaucoup d’humour et de sagacité, sur le fondement même de cette réflexion. « Pour vous Français, il faut d’abord voir les points de discordes. Pardonnez-moi, mais en temps que Chinois, je ne vois pas les choses comme cela. Chez nous, quand on veut cultiver des pommes, on commence par planter un pommier. La première année, on ne se concentre que sur les pommes valables sorties de l’arbre. On ne perd pas notre temps à compter les branches mortes. En revanche, si on estime que le rendement est moyen, on plante un autre pommier. Et l’année suivante, encore un autre pommier. Au bout de trois ans, on commence à exporter les pommes ! »
Moralité tacite, mais entendue : « Ne perdez pas tant de temps à philosopher sur ce qui pourrait ne pas marcher et agissez plutôt, plantez et donnez vous du temps! ». Sacré leçon de pragmatisme et preuve s’il en fallait que l’évolution du monde du travail en France doit d’abord et surtout passer par un changement profond et radical de la mentalité des Français face au monde du travail. (Avis ouvertement partagé par Laurence Parisot, lors d'une autre pléinière, en présence du Premier Minstre tunisien...)***

Certes, avec dix pour cent de taux de croissance moyen depuis trente ans, la Chine, troisième pays du commerce mondial joue définitivement dans la cour des grands et les entreprises françaises l’ont bien compris. Le commerce sino-européen était de 306 milliards de dollars en 2007, avec 28000 entreprises françaises implantées sur le sol chinois. Une réussite exponentielle rapide et inespérée encore au début des années 70.


Du côté de ces nouveaux futurs géants, on pouvait sentir la volonté stratégique de la France, à travers son patronat, de créer un lien particulier avec l’Inde, le plus grand pays démocratique du monde, donnant de surcroît la part belle aux femmes. C’était bien sûr en omettant de parler du système des castes dans ce pays, qui ne donne l’accès à l’éducation primaires qu’aux enfants issues des familles les plus riches du pays. Mais là, c’est un autre débat…

Et l’Ambassadeur d’Inde, Son Excellence Ranjan Mathaï de se défendre d’un tel attrait pour son pays, soulevant avec diplomatie et perspicacité que « L’Inde ne voit pas la démocratie comme un sujet de discorde et les élites de la jeunesse indienne sont d’abord choisies pour leur efficacité et leur talent ».
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Au-delà des non dits diplomatiques et des retenus de bonne aloi, cette conférence de haut vol fut amplement couronnée par les précieuses et brillantes interventions de Christophe Jaffrelot, directeur du Ceri. Il souligna avec justesse que les questions de démocratie étaient plus un problème pour la Chine communiste que pour l’Inde.
Pour autant, le caractère non démocratique de la Chine n’a jamais eu d’incidence sur l’économie et le commerce avec ce pays.
Pour Christophe Jaffrelot, la question politique se pose surtout au niveau de la gouvernance d’un pays : sur le plan des investissements extérieurs, de l’entreprenariat et de la volonté d’accueil des marchés étrangers, pas sur qui votent les lois.


Sur cette photo, je suis entourée de mes amis Britanniques, venus spécialement pour l'occasion.
A ma gauche, Zachary Latif, économiste surdoué, trader de génie, qui a eu son bac à douze ans et fut notamment diplomé de la célèbre Harvard Business School à 18 - voir l'article qui lui est dédié sur le site du célèbre journal Britannique The Guardian
http://www.guardian.co.uk/business/2008/apr/11/merrilllynch.banking
... et à ma droite Carl Lobo, de l'Université de Westminster.



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J’ajouterais, puisqu’il s’agit de « voir en grand », qu’aux Etats-Unis, depuis le 11 septembre 2001, la notion de démocratie est devenue binaire : elle est surtout en opposition avec les pays musulmans.
Pour les Américains, l’Inde (démocratique) peut être un allié de poids contre la Chine (communiste) voisine dans cette partie du globe.
Cette démonstration expose bien les ambitions géopolitiques globales d’une harmonisation politique par des réseaux socio-économiques.

En France, nous sommes plus fascinés par la Chine que par l’Inde. Les Américains, eux, considèrent l’Inde comme un allié démocratique de cette partie du monde et la Chine comme un allié économique. Ils ont des réflexes et des réflexions de super puissances. Pas nous.


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Le Brésil n’est pas en reste dans l’émergence d’une valeur économique nouvelle et forte. Demetrio Bueno Carvalho, Ministre, Chef de la Section économique à l’Ambassade du Brésil en France n’a pas manqué de souligner la présence fructueuse de plus de 600 entreprises françaises au Brésil. Cette ouverte s’inscrit dans une volonté de développement d’une plateforme économique vers un marché plus grand, plus européen.
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Si les entreprises françaises restent dynamiques, la croissance française a baissé.
Faut-il alors avoir peur des puissances émergentes ?
La réponse est « non », selon Dominique Hériard-Dubreuil, Présidente du Conseil d’administration de Rémy-Cointreau. « Il faut au contraire profiter de la croissance de la Chine pour y investir et s’y développer ». Et de mettre en garde les entreprises françaises contre les divers écueils de la Chine : différences culturelles, contrefaçon, pillage des concepts français, barrière de la langue, avoir les bons contacts sur place… Selon elle, restons vigilants et fonçons en se donnant du temps !
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Pour en revenir au thème de la conférence « du G8 au G13 ? », les intervenants ont posé la question pertinente de savoir si le FMI et l’ONU sont prêts à s’ouvrir aux pays émergents.

Les représentants de l’Inde, de la Chine et du Brésil ont légitimement insisté sur l’importance d’y être présents, compte tenu d’une part de leur poids économiques et d’autre part, du fait que ces populations ne sont pas représentées dans cette organisation, dite « mondiale ».

Or, il est vrai que les Nations Unies et le Fond Monétaire International sont des institutions d’après deuxième guerre mondiale… Et les vieilles dames n’aiment pas être bousculées dans leurs habitudes. Pourtant, il est urgent que ces entités, sensées représenter toutes les nations évoluent ! Ne serait-ce que pour le maintien et la garantie de la paix dans le monde.

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La donne de l’économie mondiale est un train de changer de main : nous assistons à un basculement de l’économie mondiale. La croissance de l’Europe a baissé (excepté l’aigle Allemand) alors que les pays émergents ont largement développé leur croissance à la hausse.
On ne peut donc plus nier la nouvelle force de frappe économique de ces pays émergents, qui jouent indubitablement dans la cour des grands.
A quand la reconnaissance officielle ?


Depuis 1963, aucune réforme n’a été faite à l’ONU. Les pays émergents pourtant contribuent largement aux armées des casques bleus, mais n’ont toujours pas de représentants permanents siégeant à l’ONU, donc pas de voix !

Cette négligence, si elle n’est pas corrigée rapidement, risque de pousser ces puissances nouvelles vers une radicalisation de leurs organisations unilatéralistes : elles créeront leurs propres organisations, en parallèle.


Ouvrir le G8 au G13 pourrait être un début de réponse, afin de maintenir la démocratie à travers des liens économiques.

Si l’idée séduit le Brésil, deuxième exportateur agricole au monde, il n’en demeure pas moins que ce dernier ne souhaite pas qu’un tel élargissement se face au détriment des organisations unilatérales existantes. Il peut s’inscrire, en revanche, en complément de celles-ci.

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La mondialisation s’est construite en 25 ans.
En 1868, le PIB de la France était égal à celui des Etats-Unis !
No comment.
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Aujourd’hui, nous sommes dans un monde interdépendant et multipolaire.


Si les institutions, telles que le G8, le FMI ou l’ONU ne prennent pas en compte, officiellement et légalement cette réalité, leur crédibilité et même leur légitimité s’en trouveront contestées.

C’est déjà que le cas, par certains membres de l’OPEP (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole), qui reprochent par exemple qu’aucune institution arabe n’y soit représentée ?

Jacques Delors avait déjà suggéré un système de veille et de sécurité économique, repris par Hubert Védrine, lorsqu’il était Ministre des Affaires Etrangères, sous la Présidence de François Mitterrand...


La conclusion de cette conférence restant ouverte à l’appréciation des auditeurs, forts de tous ces témoignages pertinents et de ses débats enrichissants, voici mon avis :

Plutôt que de plancher sur un potentiel élargissement d’un G8 à un G13, qui avouons-le, n’est pas très puissant dans les faits...
Pourquoi ne pas créer une institution nouvelle, plus ouverte et mieux structurée, qui aurait un réel impact sur la régulation et l’harmonisation de l’économie mondiale ?