« d’être Français » ?
La France est connue dans le monde entier pour la diversité de ses paysages, de son architecture, mais aussi de sa population. Plus de 56% de la population française prétend avoir des origines étrangères. Un Français sur quatre aurait un grand parent étranger et un sur huit serait d'origine étrangère directe. N'oublions pas non plus les territoires d'Outre-mer, majoritairement peuplés de non-Européens d'origine. Ce qui fait de la population française la plus diversifiée d’Europe.
Les anciennes vagues d’immigrants comme les plus récentes vinrent des cinq continents : Afrique, Asie, Océanie, Amérique (du Nord et du Sud) et Europe. En somme, la population française est encore plus diversifiée que celle des Etats-Unis, où seulement 50% des Américains sont des descendants d’anciennes colonies.
Il suffit de regarder les noms d'un annuaire téléphonique ou la composition de notre formidable équipe de France de football pour constater que nous ne sommes pas une ethnie !
Moins de 5 millions d’immigrés en France à la mi-2004, avec une nette progression des niveaux d’études supérieures selon l’INSEE !
En effet, à la mi-2004, 4,9 millions d’immigrés résident en France métropolitaine ; ils représentent 8,1 % de la population. Les immigrés originaires d’Afrique et d’Asie sont plus nombreux sur le territoire qu’en 1999 ; c’est l’inverse pour ceux issus des anciens courants migratoires, d’Espagne et d’Italie.
Un immigré sur quatre est diplômé de l’enseignement supérieur !

Le niveau de formation s’est élevé nettement pour les immigrés, tout comme pour l’ensemble de la population. En particulier, par rapport à 1982, quatre fois plus d’immigrés détiennent un diplôme de l’enseignement supérieur…
Sources : Insee Première n°1098 - août 2006
Enquêtes annuelles de recensement 2004 et 2005
Question paradoxale de la part d’une Française, car on le sait les Français ont une sainte horreur qu'on les classifie,

attribue un rôle préétabli dans une classification qui serait, par exemple, une division internationale du travail (par exemple aux Français la gastronomie, les vins et les parfums, à d’autres les technologies de pointe)…
Les Français râlent bien entendu ;o) !

un kaléidoscope culturel, dont la colonne vertébrale serait la langue française et son héritage culturel commun.
Le chauvinisme français est enfin en train de prendre des couleurs au grand damne des esprits réactionnaires !

L’hostilité disparaît en fait si l’on prend la peine de connaître et de comprendre l’autre dans ses différences. L’étranger soudain n’est plus si différent. C’est ordinairement une question de stéréotypes comportementaux : les Anglais qui n'auraient aucun goût culinaire et les Américain qui parlent fort sur le boulevard Saint Germain ou le jeune Beur à casquette retournée vous dévisageant d'une certaine façon, etc. Cela est perçu, souvent à tort, comme une provocation.
Existerait-il alors une grammaire du comportement comme de la rhétorique ou de l'habillement ?
… « Le facteur allemand, écrit-il, est à 100% habillé en facteur. Tout indique dans le pli de son costume, le port de sa casquette, qu'il s'identifie entièrement à sa fonction : porter le courrier de la Bundespost. Le facteur français, lui, indique par son col déboutonné et sa casquette en arrière qu'il est facteur, certes, mais aussi peut-être syndicaliste, joueur de boules, père de famille ou pêcheur à la ligne. Pourtant il porte ses lettres aussi bien que l'autre ».
Pour conclure, le chauvinisme aujourd’hui c’est parfois être fier d’être le même Français que le champion de foot Zizou ou l'actrice Isabelle Adjani : c’est-à-dire être fier d’avoir les même origines et aimer autant la France !

COCORICO !!!

Qu'est-ce qui peut donc nous unir dans nos différences, nous Français, à part de gagner la coupe du monde de foot bien sûr ?
Être Français, c'est pouvoir dire "nous" depuis Vercingétorix à nos jours et c'est le dire en Français !
Les médias et les artistes Français ont depuis peu (moins d’une décennies hélas et ce n’est pas encore gagné pour la télévision !) réalisé qu’ils devaient ouvrir leurs portes et leurs lucarnes aux minorités visibles françaises (moi non plus je n’aime pas cette expression, mais en attendant de ne plus avoir à l’utiliser… ?).


Il a su sublimer les multiples facettes du melting pot, de la chronique semi-autobiographique à de vastes tableaux qui déploient dans toute leur complexité notre comédie humaine.
D’une part, les politiques ont certes leurs responsabilités, mais chacun de nous aussi. La plus fondamentale passe par l’action de voter. D’autre part, il faut que les médias soient moins timorés lorsqu’il s’agit de rendre aux Français qui regardent la télévision le reflet de leur réalité citoyenne : Oser embaucher des présentateurs, de couleur, issus de l’immigration. Banaliser la chose plutôt que d’en faire un porte drapeau ou un one shot estival pour faire parler de sa chaîne ! Et je peux vous dire que dans ce domaine, l’hypocrisie est sans précédents !
FACE à la
TÉLÉVISION ?
Leçon de choses...
« Allons bon, ma chère Sophia ! Soyons honnêtes, les minorités d’origine arabe ne peuvent pas être crédibles sur des sujets graves en télévision voyons! »
Pour avoir certaines entrées dans les milieux dits « influents » de Paris, un de mes copains « artisto, sarkosiste et plein de bonnes valeurs républicaines » m’a avoué un jour que « l’intégration des minorités, c’est bien gentil et c’est même utile, mais pour des émissions sérieuses ou très culturelles, il ne serait pas crédible de mettre en place une brunette d’origine arabe. A la limite une black française (issue des Dom-Tom)… J’en ai parlé au Président (d’une chaîne nationale réputée), ce n’est vraiment pas corporate ! ».
Et d’imposer d’entrer de jeu (après m’avoir faite attendre deux heures quarante dans le hall quand même ! Heureusement, la personne à l’accueil était fort sympathique et a même fini par me donner sa recette pour faire de bonnes crêpes !) que « cet entretien ne [serait pas] professionnel, mais informel et de courtoisie car [j’étais] vraiment charmante ! ».
Quelles ne furent pas ma surprise et ma déception que d’entendre cette énième outrage ! Etais-je trop féminine (ma tenue en était loin) ? Trop blonde (il est vrai que je me suis commise à quelques mèches) ? Trop pistonnée ? Trop patiente ? Allez savoir ! Après m’avoir couverte de mille et un compliments (dont certains professionnels d’ailleurs) que je n’étais pas venue chercher, je me levais (au bout d’une heure étouffante) en précisant que mon intention était purement professionnelle et non « de courtoisie », au risque de déplaire, en me déplaçant avec un CV jusqu’à lui. Et de risquer d’ajouter, comme une ultime condamnation de mes chances professionnelles de faire partie de cette belle chaîne, « rappelez-moi quand je pourrai au moins faire les mêmes tests que les autres candidats et rencontrer votre DRH… ». Malgré ses sourires et son « on va se revoir bientôt, c’est certain car vous êtes formidaaaaaaaaable ! »...
Mon attitude peut-être un peu trop pro (ou trop naïve ?) confirma l’anéantissement de tous mes espoirs. Silence radio. Même pas une seule réponse… Pas même un simple « non, désolée mais ce n’est pas possible ! » qui sincèrement m’eut suffi...
Le récit de cette expérience avérée n’a valeur que d’anecdote et de témoignage, car j’estime être une Française « privilégiée » : La plupart du temps, je m'épargne ce genre d'humiliation en evitant le monde de la télé, visiblement pas prêt à tolérer des journalistes typées en dehors des quotas imposés et encore... Je me contente donc de faire mon métier là où c'est encore possible, c'est-à-dire dans la presse écrite en France ou dans des médias étrangers (sur ces deux photos... à Dubaï, dans les Emirats Arabes Unis)
Ce qui ne vous tue pas...
Vous rend plus fort !
Je trouve cette expérience toutefois très révélatrice de la difficulté d’intégrer ces sphères et sociologiquement fort intéressante. Alors, dans une vision plus large et plus générale, je pense à tous ces jeunes surdiplômés, professionnels et sérieux qui n’ont pas le carnet d’adresses ou la force de volonté pour affronter cette réalité usante et anti-républicaine. J’imagine la frustration et le malaise d’être Français dans ces conditions. De la difficulté de faire face aux préjugés et à toute une catégorie socio professionnelle qui vous refuse une place ou même un simple entretien, à moins de faire de vous « la minorité de service » ou « la bonne conscience du patron » ! Et je n’ose même pas penser aux difficultés rencontrées par les jeunes de banlieues…
"Il est plus difficile de désagréger un préjugé qu'un atome."(Albert Einstein / 1879-1955)
Etre Français aujourd’hui, c’est pourtant faire partie du tout dans sa complexité et dans toute sa dimension républicaine et en être fier. C'est encore exiger démocratiquement sa place dans le système, à compétences et à valeurs égales. Se sentir Français, c’est honorer ses devoirs civiques, voter et imposer le respect de ses droits lorsqu’ils sont reniés.
LA RÉALITÉ des FRANCAIS
D'AUJOURD'HUI
Etre Français aujourd'hui, si votre couleur de peau n'est pas blanche ou si vos cheveux sont aussi frisés que ceux de vos parents (même s'ils sont eux-mêmes Français nés en France de parents étrangers - arabes par exemple) cela signifie aussi devoir être plus brillant, plus diplomate ou plus malin et sûrement plus patient que la moyenne pour avoir une chance de réussir !
En attendant une Liberté-Egalité-Fraternité…
Pour chacun des Français !