Tel était le fil d’Ariane choisi cette année pour accueillir les acteurs socio-économiques majeurs français et étrangers à l'Université d'été du MEDEF 2008 !
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Les représentants économiques et diplomatiques furent accueillis à grand renfort de tapis rouge, d’éloges soutenus et même standing ovation, méritée, pour Sa Majesté le Roi Abdallah II de Jordanie. Sa prestation, en un Français excellent, puis en Anglais était convaincante. Il a invité, avec tact et motivation, les patrons Français à venir investir dans son pays.
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Le message était clair : La France, à travers le patronat français, se veut terre d’asile et d’échange de l’énergie financière et des talents.
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Laurence Parisot, dont chaque intervention était charismatique et brillante, a mis un focus particulier sur l’importance de la mission
« Union pour la méditerranée »
, impulsée par le Président Sarkozy, pour une harmonie économique et politique entre la France et les pays du Moyen-Orient.
Sur la photo ci-dessus, Sa Majesté le Roi de Jordanie, qui inaugura avec grandeur et rayonnement l'Université d'été du Mefef 2008.
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On aura remarqué l’effort d’ouverture et d’intégration des entreprises françaises aux pays émergents jusque là ignorés (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud et Mexique).
De la nouveauté et de l’ambition donc, pour une université d’été 2008, qui a mis les petits plats dans les grands et… Qui a vu les choses en grand !
Le message dominant tendait à renforcer, voire dépoussiérer, l’image des entreprises et des acteurs économiques Français dans le monde !
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Mais, ils furent nombreux et souvent simultanés.
Il m’a donc fallu faire un choix cornélien pour essayer d’en tirer le meilleur parti.
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J’en profite pour remercier mon amie Soumia Malinbaum, porte-parole de Laurence Parisot au MEDEF qui m'a ouvert les portes de cette passionnante aventure.
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Thème du débat: Les Médias ou...
En présence de Dominique Baudis, ex Président du CSA, journaliste et Président de l’Institut du Monde Arabe, Nicolas Beytout, PDG du groupe Les Echos, Jean-François Copé, ex Ministre, député de Seine-et-Marne, Michel Rocard, ex Premier Ministre, député européen, Alain Weill, PDG de NextRadio TV (BFM/RMC), Jean-Claude Dassier, TF1…
Bien que la majorité des intervenants présents déplorât une baisse de la qualité des émissions au détriment de l’émotion et du spectacle, les avis étaient partagés.
Pour Alain Weil, la privatisation des TV et des radios libres est encore récente. Les liens et les relations entre les politiques et les journalistes sont historiques. Pour autant, il estime que les médias demeurent souverains dans le traitement de l’information. En tout cas, il en a donné la garantie concernant son entreprise.
En effet, aujourd’hui les médias sont dirigés comme des entreprises privées, avec une volonté non dissimulée de rendement. Les organismes de presse ne sont plus assez riches pour être autonomes et on tend à copier le modèle américain ou allemand, en ouvrant (comme c’est déjà le cas dans de nombreuses entités) le capital aux fonds d'investissements privés.
Doit-on considérer les médias comme un produit ? Que dire du manque d’information sur la réalité internationale dans le traitement des JT français ?
Pour JC Dassier, la première vocation de TF1 est d’être un média de masse, dont le cahier des charges stipule qu’il faut capter le plus grand nombre de téléspectateurs.
Or, ce dernier estime que "les sujets étrangers n’intéressent pas les masses"... Et de conclure que c’est aussi une question de moyen, que cela revient "cher d’envoyer des journalistes en Chine ou en Birmanie !"
Nous étions tout à fait dans la logique de Patrick Le Lay, qui a fait grand bruit dans la presse il y a quelques années, le fameux « ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible ».
Et d’ajouter, face aux caméras et aux micros « avec l’arrivée de Laurence Ferrari au JT de 20h, nous avons enfin un journal de qualité! ». No comment.
Le vrai défi ne réside-t-il pas dans la production d'émissions de masse, qui soient quand même qualitatives ?
Jean-Claude avait à l’évidence un regard d’acier sur l’aspect qualitatif de la télévision et une vision des choses bien trempée!
Pour autant, la réalité économique des médias, aujourd'hui en France, ne lui donne pas tout à fait tort... Faut-il pour autant tomber dans les extrêmes: la télé poubelle versus la télé des élites ?
Je ne le crois pas non plus.
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Paradoxalement, cette absence de qualité et leur goût pour le scoop à tout prix se trouvent être un atout inespéré pour les grands médias. Les lecteurs qui veulent réellement s’informer vont, en effet, chercher l’information sur les sites officiels des grands médias reconnus.
Selon Michel Rocard, brillant orateur qui n’a rien perdu de son aura et de son verbe, « les médias sont souverains certes, sauf pour les questions de sécurité nationale ». Avis contesté par Guillaume Durand qui, lui, pense que le devoir d’un journaliste est d’abord de « donner l’information »…
Pour l’ancien Ministre,
« les failles sont dues au système, pas aux journalistes »
et d’ajouter avec pertinence qu’il n’est pas surprenant que le spectacle a pris la place sur l’information à la télévision « puisque l’image, contrairement à l’écrit, ne peut que colporter de l’émotion, de l’affectif et du dramatique ! »
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Pour Dominique Baudis, « journaliste, c’est d’abord un vrai métier, avec des règles et une éthique !»
Le journalisme, c’est aussi un pouvoir. Au 18è siècle, Montesquieu décrivait les trois pouvoirs absolus : l’exécutif, le législatif et le judiciaire.
Et l’ancien Président du CSA, érudit et mesuré, n’a pas manqué de souligner qu’aujourd’hui, s’ajoutent à ces trois pouvoirs, le pouvoir économique et celui des médias.
Or, qui dit « pouvoir » dit « responsabilité ». Le CSA (le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) joue un rôle utile, mais a un pouvoir d’action limité.
Pourquoi alors ne pas mettre en place une institution parallèle, dont le rôle et le pouvoir de régulation seraient plus significatifs ?
Selon l'ancien Président du CSA, « il faut que la profession génère des mécanismes d’autorégulation » et d'ajouter à juste titre : « les journalistes sont rarement sanctionnés pour leurs fautes, contrairement aux autres professions, tels que les magistrats par exemple ».
Applaudissements soutenus de la salle, tant le message est fort et juste… Et face à l'urgence d'une instance de régulation efficace.
*Il est certain que les groupes de presse et des médias doivent prendre leurs responsabilités et s’imposer, plus que jamais, une ligne de conduite de qualité. Le danger est de voir le pire des faux journalistes commettant leurs articles sur des blogs tenus pour crédibles.
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Pour Nicolas Beytout aussi Internet et les blogs sont une menace pour la qualité de l’information. Pour autant, les médias n’ont pas beaucoup changé, ni la réglementation.
C’est une question de responsabilité de la part des acteurs médiatiques, selon Jean-François Copé : "il ne faut pas avoir peur de dire NON aux bloggeurs et de ne pas leur donner d’interviews ! Il faut privilégier la qualité et le professionnalisme des vrais journalistes, moderniser le débat et l’information, bien au-delà des clivages gauche-droite".
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Le star système est-il nécessaire dans les médias ?
Pour Jean-Claude Dassier, c’est OUI. Pour lui, le présentateur du journal de 20h est un produit, un élément qui contribue à la réussite du JT. Or, la définition de la « réussite du JT » se mesure d'abord en « audimat » à TF1.
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Malgré tout, nous avons, en France, des médias de qualité et une offre suffisamment large pour satisfaire le plus grand nombre.