vendredi 5 janvier 2007

L’antisémitisme en France… Le sens du mot "Juif"? L'antisémitisme alors? La France est-elle antisémite? Un mal séculaire chronique? Blagues juives !


Je suis auteur de trois documentaires historiques (de 52 minutes chacun) sur « la ville de Paris, à travers le judaïsme, du Moyen-âge à nos jours ».
Je me suis donc inspirée directement de mon travail pour aborder ce sujet au combien complexe ! A l’aube du troisième millénaire, il est vital de lutter contre la bêtise humaine qu’est cette forme primaire de racisme et pour une plus grande tolérance entre les hommes… Enfin pour participer, à ma petite échelle, à notre devoir de mémoire universel !


Mais avant tout,
comment définir le sens du mot
« Juif » ?

Pour certains, la judaïté n'est pas une appartenance religieuse, c'est une filiation. Pour éviter le mot « race », dont on sait qu'il est trop marqué politiquement, on parlera plus volontiers d'« ethnie ». Pour d’autres, à l'évidence, une telle identification « biologique » est inacceptable : la notion d'ethnie est floue et celle de race n'a aucun sens. Ce n'est pas un concept scientifique mais idéologique, voire polémique, et même si on l'acceptait pour désigner certaines caractéristiques visibles, comme la couleur de la peau ou les yeux bridés, elle ne vaudrait de toute façon pas pour les juifs, qui, pas plus que les Français ou les Allemands, ne constituent une race.


D’autres encore, pas forcément antisémites, font valoir qu'une des définitions traditionnelles du judaïsme se fait en référence à la transmission du sang : « seuls seraient vraiment juifs ceux dont la mère est juive ». De là aussi la prohibition des mariages mixtes, qui implique en quelque façon une définition biologique des peuples.
A quoi l'on peut objecter bien sûr que les juifs d'aujourd'hui n'ont le plus souvent aucune goutte de sang ni le moindre héritage génétique en commun : il y a des juifs noirs, chinois, indiens, caucasiens, blonds aux yeux bleus, bruns aux yeux noirs, etc. Et, si certains caractères ethniques ou phénotypiques se retrouvent parfois plus fréquemment dans certaines communautés - comme dans toutes les autres communautés du monde, ni plus ni moins -, aucun n'est commun à tous les individus qui les composent...
Pour ne rien dire de ceux qui descendent de familles converties au judaïsme (elles furent nombreuses entre le Ier et le IVe siècle) ou qui opèrent encore aujourd'hui une conversion, difficile certes, mais toujours possible et dont on voit mal comment on pourrait leur attribuer une quelconque filiation biologique.


Du reste, les textes hébraïques rappellent comment le roi David lui-même (ici représenté par Rubens en 1630) , le père de Salomon qui fit élever le temple de Jérusalem, était un descendant direct de Ruth, une princesse moabite convertie au judaïsme. Quant à Salomon, il épousera à son tour une Egyptienne, fille de pharaon…





Maxime Rodinson, un éminent orientaliste, a tenté de répondre à cette question dans l’introduction de son ouvrage Peuple juif ou Problème juif ? Il dépeint les quatre groupes distincts que recouvre le terme "juif".
- D’abord, les fidèles d’une religion nettement définie - on dit "juif" comme on dirait "musulman" ou "chrétien".
- Un deuxième groupe est constitué par les descendants des membres de cette religion qui sont désormais athées ou déistes mais se considèrent comme appartenant à une sorte de " communauté ethnico-nationale ", voire à un peuple.
- La troisième catégorie est formée par ceux qui ont rejeté les liens aussi bien religieux que communautaires, mais que les autres considèrent, au moins à certains moments, comme juifs.
- Dernière catégorie, la plus insolite, celle que l’écrivain Roger Peyrefitte baptisait joliment "juifs inconnus", ceux dont l’ascendance juive est ignorée par les autres et par eux-mêmes.
Le critère religieux est assurément indiscutable dans la définition du mot « juif ». Première grande religion monothéiste, le culte mosaïque, avec ses textes sacrés, son droit et ses rites, unit à travers le monde des millions de fidèles. Son poids est d’autant plus grand que, après la Dispersion, c’est la foi religieuse qui " entretint l’idée de la survie du peuple hors des formes politiques étatiques de l’existence nationale " (Ilan Halevi).


Mais la religion juive, comme nombre d’autres, n’a pas été épargnée, en Israël et surtout dans le monde, par le phénomène de désaffection propre aux temps modernes. Beaucoup de ceux qu’on dit - ou qui se disent - juifs sont athées. D’autres, encore plus nombreux, bien qu’apparemment attachés à leur croyance, ne la pratiquent pas. À l’exception des plus grandes fêtes, les synagogues ne sont guère plus fréquentées que les églises ou les temples. La religion ne constitue donc pas une référence suffisante pour englober tous les Juifs.

Pas plus de 12 millions de juifs sur la planète et
seulement 600 000 en France !

L’origine commune supposée - les Hébreux - n’est pas plus probante. Dans la Palestine antique, il est vrai que, pour utiliser les termes de Maxime Rodinson : un " groupe juif de type national " s’était formé. Mais l’effondrement des royaumes juifs sous les coups successifs des Assyriens et des Babyloniens, la colonisation romaine, et surtout l’écrasement de la révolte de Bar Kokhba, en 135 ap. J.-C., le dispersèrent. Tandis qu’un petit noyau demeurait en Terre Sainte, le gros des populations juives s’éparpillaient tout autour de la Méditerranée, souvent en s’assimilant à leurs pays d’accueil.
D’autres, profondément imprégnés de leur identité, parvinrent même à convertir, parfois massivement, leurs hôtes. Ainsi les travaux des historiens indiquent-ils que, contrairement à la thèse selon laquelle la religion juive n’est pas prosélyte - on ne peut pas, dit-elle, " adhérer " à un " peuple élu " -, l’État juif d’Arabie du Sud, au VIe siècle, ou bien encore l’État juif des Khazars en Russie du Sud-Ouest, au VIIIe siècle, se constituèrent par le ralliement des souverains et de leurs sujets. Arthur Koestler, dans La Treizième Tribu, affirme ainsi que la plupart des Juifs d’Europe centrale descend des Khazars, donc de Turco-Mongols convertis puis dispersés en terre slave... Il en alla de même en Afrique du Nord, en Espagne, en Gaule, en Germanie, en Asie, etc.



La vieille anecdote du Juif français parti en Chine pour y retrouver ses " frères " répond, sur le mode de l’humour, à cette pseudo-théorie :
Arrivé enfin à Shanghai, notre homme, dans une ruelle obscure, découvre la synagogue et y pénètre. Les Juifs chinois, qui y prient, d’abord étonnés, se font peu à peu menaçants. Alors il leur crie : « Mais je suis juif, comme vous ! » Et eux, lui montrant leurs yeux bridés, de rétorquer : « Mais tu n’as pas le type ! »…



Une simple visite en Israël convaincra d’ailleurs le plus dubitatif des lecteurs de l’extraordinaire diversité des « types » juifs, aussi vaste que celle des peuples des quelque cent cinquante pays dont sont issus les Israéliens...


Dans les « Mémoires d'outre-tombe » de Chateaubriand, il est d’ailleurs question du fameux « Juif errant », voyageur universel et libre…
C’est en visitant la demeure où vécut le romancier, à Chatenay Malabry en banlieue parisienne, que je compris tout l’intérêt de l’écrivain romantique pour la condition du « juif » de son époque.
Chateaubriand fait du personnage maudit du Juif Errant (et l'on se rappellera bien sûr de l'oeuvre d'Eugène Sue), une figure identificatoire qui lui permet de se peindre lui-même comme voyageur éternel. Fasciné par l'image ambivalente du peuple « élu » puis « réprouvé », l'écrivain voit dans le Juif Errant un emblème aristocratique, un symbole du monde révolu de l'Ancien Régime, dont l'entreprise autobiographique doit faire perdurer le souvenir…Chateaubriand, dont l’âme trépassante reste voyageuse, se sent si proche du Juif errant qu’il le devient par les lettres et par la liberté sans frontières qu’il lui confère…

Le concept même de « peuple juif » reste donc discutable. À défaut d’une réalité ethnique et sachant que l’angle religieux s’avère restrictif, sur quels éléments s’appuierait-il ?


S’il est exact que les Juifs d’Europe centrale et orientale formaient, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, une sorte de minorité nationale cohérente (territoire, langue, culture, organisations, revendications) - Ilan Halevi, dans Question juive, parle à ce sujet de « conditions matérielles de l’existence nationalitaire », reprenant le docteur Zvi Graetz qui, dans son Histoire des Juifs, montre comment les conditions de la Pologne, par exemple, « ont amené les Juifs à vivre comme un État dans l’État, avec leurs institutions religieuses, administratives et juridiques particulières ». Ce n’est plus vrai aujourd’hui. Le schtetl, la « petite ville » juive d’Europe centrale, a disparu dans les fours crématoires après avoir subi les pogroms…



Et je vous conseille de vous faire le cadeau de visionner ou de revoir le formidable film de Roman Polanski, Le Pianiste (Oscar du meilleur réalisateur à Hollywood et Palme d’Or à Cannes en 2002).


La dimension historique (et autobiographique) qu’il apporte à ce chef d’œuvre nous dépeint avec force la mise à ban des juifs de Pologne, notamment dans le ghetto de Varsovie.
Dispersés dans des dizaines de pays, les Juifs d’après le génocide ne parlent plus, dans leur majorité, ni l’hébreu, ni le yiddish, ni le judéo-espagnol, et leurs convergences culturelles sont des plus réduites. L’assimilation lancée, en grand, à l’Ouest, au XIXe siècle, a repris son cours.
Fin 1991, dans leur étude sur La République et le Talmud, Frank Eskenazi et Édouard Waintrop notent que « phénomène plus profond, l’assimilation demeure la toile de fond sur laquelle se dessine une nouvelle revendication communautaire ». Les sondages l’attestent : une large majorité des Français d’origine juive n’y prennent aucune part, récusent le concept de communauté et refusent a fortiori d’y être englobés...




Pourtant même assimilés, les Juifs existent puisqu’ils restent désignés comme tels « C’est l’antisémite qui crée le Juif ! », affirmait Jean-Paul Sartre.

Pour Georges Perec (Prix Renaudot en 1965 pour son roman Les Choses) :
« Je ne sais pas précisément ce que c’est qu’être Juif, ce que ça me fait que d’être juif. C’est une évidence, si l’on veut, mais une évidence médiocre, une marque, mais une marque qui ne me rattache à rien de précis, à rien de concret : ce n’est pas un signe d’appartenance, ce n’est pas lié à une croyance, à une religion, à une pratique, à une culture, à un folklore, à une histoire, à un destin, à une langue. Ce serait plutôt une absence, une question, une mise en question, un flottement, une inquiétude : une certitude inquiète derrière laquelle se profile une autre certitude, abstraite, lourde, insupportable : celle d’avoir été désigné comme juif, et parce que juif victime, et de ne devoir la vie qu’au hasard et qu’à l’exil. Mes grands-parents ou mes parents auraient pu émigrer en Argentine, aux États-Unis, en Palestine, en Australie ; j’aurais pu naître, comme des cousins proches ou lointains, à Haïfa, à Baltimore, à Vancouver, mais dans l’éventail à peu près illimité de ces possibles, une seule chose m’était précisément interdite, celle de naître dans le pays de mes ancêtres, en Pologne, à Lubartow, à Pulawy ou à Varsovie, et d’y grandir dans la continuité d’une tradition, d’une langue, d’une appartenance. Je suis né en France, je suis français, je porte un prénom français, Georges, un nom français, presque : Perec. La différence est minuscule : il n’y a pas d’accent aigu sur le premier e de mon nom, parce que Perec est la graphie polonaise de Peretz.
Si j’étais né en Pologne, je me serais appelé, mettons, Mordechai Perec, et tout le monde aurait su que j’étais juif. Mais je ne suis pas né en Pologne, heureusement pour moi, et j’ai un nom presque breton, que tout le monde orthographie Pérec ou Perrec : mon nom ne s’écrit pas exactement comme il se prononce. »
Pour André Chouraqui (écrivain, intellectuel et notamment traducteur de la Bible et du Coran…) : dans son ouvrage « Histoire du judaïsme » (Que Sais-Je ?) :
« Le mot judaïsme dérive d'une racine hébraïque qui signifie « rendre grâce à Dieu », et sert à désigner un pays, la Judée, et ses habitants, les descendants de Juda, les Juifs. Ainsi cette religion se caractérise-t-elle par le mariage d'un Dieu, celui du Sinaï, d'un peuple, Israël, et d'un pays, la Terre sainte. L'histoire du judaïsme sera celle d'une trinité : le message est inséparable du peuple qui lereçoit, et celui-ci ne se conçoit que par rapport à sa terre. Cette alliance, d'autant plus contraignante qu'elle est indissoluble, explique l'exceptionnelle difficulté à laquelle se heurte, aujourd'hui comme hier, toute tentative visant à définir avec exactitude les perspectives du judaïsme. »




Qu'est-ce que l’antisémitisme alors ?




Définition

Les enfants de Sem…
Le mot « sémite » est issu du nom biblique de Sem, fils de Noé et ancêtre
d’Abraham. Ce dernier a eu deux fils : l’un avec son épouse Sarah… Isaac (père de Jacob-Israël) et l’autre avec son esclave Agar… Ismaël - les Hébreux descendraient d’Israël et les Arabes d’Ismaël… Abraham, le descendant de Sem, est de fait l’ancêtre des trois principales religions monothéistes.





La genèse du mot se trouve du côté de la philologie : les linguistes européens ayant identifié une origine commune aux langues hébraïque, arabe, araméenne, ils ont rangé toutes ces langues sous l’épithète sémitique.

L’emploi du mot antisémitisme pour désigner la haine des Juifs et d’eux seuls repose donc sur une double erreur : d’une part l’assimilation d’une catégorie linguistique (les langues sémitiques) et d’autre part il réduit les usagers des langues sémitiques aux seuls Juifs en oubliant les Phéniciens, les Arabes ...



L’antisémitisme a cependant ses spécificités qu’il est indispensable de regarder en face si l’on cherche des réponses efficaces et pédagogiques.

En France, il s’appuie sur une vieille tradition chrétienne anti-judaïque qui elle-même avait été puisée aux sources d’un anti-judaïsme antique.
Cet antisémitisme a imprégné l’Europe pendant des siècles. Après cet antijudaïsme religieux, ou plutôt le renforçant, un antijudaïsme économique apparaît dès le Moyen-Âge.

Avec Saint Louis, l’antisémitisme officiel prit son visage le plus implacable... Et ses successeurs tentèrent bien souvent de suivre son exemple : Philippe II confina la communauté à la périphérie de la ville et Philippe le Hardi ajouta une corne au bonnet des juifs. Ensuite, Philippe le Bel expulsa les juifs en 1306 et s’appropria leurs biens. Son successeur, Louis le Hutin, admit le retour de cette communauté et lui rendit ses propriétés contre paiement de 122125 livres. « Sous Charles VI, le peuple se plaignait des charges trop lourdes qui pesaient sur lui. Pour le distraire de ses malheurs, un pogrom fut déclenché et les maisons juives pillées. A la suite de quoi le roi prit un arrêté d’expulsion contre les juifs, qui quittèrent la ville le 3 novembre 1394.
Cette décision royale sonna le glas de la présence juive à Paris. Durant près de quatre siècles, les juifs ne purent résider dans la capitale. Ils revinrent au début du XVIIIème siècle, mais clandestinement, et ils durent attendre la Révolution française pour voir leur présence officiellement admise. Lorsque la Révolution éclate, l’édit d’expulsion de 1394 est toujours en vigueur. Il se trouve pourtant à Paris une petite communauté juive de cinq cents personnes qui va jouer un rôle important dans le long cheminement qui mènera à l’émancipation. Le 26 août 1789, les juifs de Paris écrivent à l’Assemblée nationale, alors en plein débat sur le thème : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions religieuses », et réclament les droits civiques et le titre de citoyen.

En décembre de la même année, un député propose d’accorder l’éligibilité aux non-catholiques. Dans son esprit il s’agissait alors de protestants, mais le comte de Clermont-Tonnerre veut étendre cette possibilité aux juifs :

« Les juifs sont présumés citoyens tant qu’on n’aura pas prouvé qu’ils ne le sont pas, tant qu’ils n’auront pas refusé de l’être », s’écrie-t-il.
Les protestants acquièrent vite les droits civiques, mais aucune décision n’est arrêtée en ce qui concerne les juifs »* (Extrait de mon documentaire).

On retrouve, à travers l’histoire, une chaîne de calomnies, d’accusations irrationnelles et souvent délirantes contre les juifs, depuis l’Égypte ancienne et le monde gréco-romain païen jusqu’aux idéologies exterminatrices d’une partie de l’Europe nazifiée passant par les sociétés occidentales ou orientales du Moyen-Âge et de l’époque moderne.



Aujourd’hui, le conflit israélo-palestinien est devenu le Cheval de Troie d’une nouvelle montée de l’antisémitisme en France.




Quand on pense que le candidat fasciste Le Pen a atteint, en 2002 en France, le second tour des élections présidentielles, on mesure toute la violence et la haine de toute une frange de la population ! D’autres sondages, plus récents, expriment qu’un Français sur quatre partage les idées du leader du Front National. Dont acte.
Peut-on encore clamer qu’il y a une « race juive », comme l'affirmait encore Le Pen au début des années 90 ? Evidemment, non. Pierre Vial lui-même, un des rares intellectuels occupant des fonctions importantes au FN, se vit aussitôt contraint d'opposer un démenti aux délires de son chef : « Bien entendu, déclarait-il, il n'y a pas de race juive au sens de l'anthropologie physique », pas plus, ajoutait-il, qu'il n'y a de race française ou allemande ».

En première approximation, on pourrait même dire que c'est là tout ce qui distingue l'antisémitisme du racisme. Ce dernier ne hait jamais autant l'autre que lorsque les différences sont manifestes : couleur de la peau, forme des yeux, nature des cheveux, etc. Au contraire, l'antisémite reproche avant tout au juif d'être invisible, caché, presque irrepérable. D'où l'obsession des critères de reconnaissance qui transparaît dans la fameuse exposition « Comment reconnaître le juif ? » organisée par le régime de Vichy en 1941.

L'essence de l'antisémitisme est là :

L'idée, contre tout bon sens, que la judaïté est une race. Affirmer par ailleurs que cette race est presque invisible afin que la haine soit animée d'une vigilance infinie. L’antisémitisme biologique du XIXème siècle atteint des sommets en terme de débilité humaine : il fait du juif un Untermensch (sous homme), le représentant d’une race pernicieuse et quasi satanique. Cette haine du juif prétend stigmatiser une donnée biologique qui inférioriserait le juif de toute éternité et lui attribuerait des comportements psychologiques spécifiques : lâcheté, amour excessif de l’argent, trahison, etc.



Drumont (fasciste notoire 1844-1917), dans son livre "La France juive", a stigmatisé ce point de vue :

"Les principaux signes pour reconnaître le juif restent : ce fameux nez recourbé, les yeux clignotants, les dents serrés, les oreilles saillantes, les ongles carrés au lieu d’être arrondis en amande, le torse trop long, le pied plat, les yeux ronds, la cheville extraordinairement en dehors, la main moelleuse et fondante de l’hypocrite, du traître. Ils ont assez souvent un bras plus court que l’autre."

C’est ainsi que l’antisémitisme va s’épanouir dans certains milieux nationalistes, socialistes et laïques qui dénoncent le pouvoir de l’argent, exaltent les vertus des classes laborieuses et pratiquent le culte de la Nation.
C’est sur la base de ces formes d’antisémitisme que se déroula l’affaire Dreyfus qui fut à l’origine de la naissance de la Ligue des droits de l’homme. Mais notons que déjà à cette époque Théodore Herzl écrivit dans le journal viennois Neue Freie Presse que, si au pays de la Déclaration des droits de l’Homme, de telles vociférations anti-juives pouvaient se produire cent ans après l’émancipation des juifs, c’est que l’assimilation se traduisait par un échec et qu’il fallait en tirer les conséquences.
Ainsi, comme l’a écrit Marx:
"le judaïsme s’est conservé non pas malgré l’Histoire mais par l’Histoire".


Mais c’est le nazisme qui a poussé la bêtise humaine à son paroxysme en mettant méthodiquement en pratique, pour la première fois dans l’Histoire, la « solution finale », l’extermination pour appartenance raciale. C’est ainsi que, par étapes successives, les antisémites sont arrivés aux lois de Nuremberg (1935) et au génocide de 1941-1945. Le Juif est alors considéré comme un sous-homme et ceux qui le croient des hontes pour la mémoire de l’humanité.







Plus jamais ça !



Les 16 et 17 juillet 1942 en effet, 13 152 juifs parisiens, dont 4 115 enfants, étaient arrêtés par la police française au cours d’une opération baptisée cyniquement "vent printanier".




La plupart d’entre eux mourront à Auschwitz. Passée dans l’histoire sous le nom de « rafle du Vélodrome d’hiver », du nom du lieu où une partie d’entre eux ont été conduits avant leur transfert vers les camps d’internement de Drancy, Beaune-la-Rolande ou Pithiviers, cette vague d’arrestations ne fut ni la première, ni la dernière. Mais elle a été la plus massive...




Les premières rafles ont eu lieu le 14 mai 1941, les dernières au printemps 1944. En tout, 76 000 juifs de France ont été déportés vers les camps nazis, dont bien peu sont revenus.
4 500 policiers, selon les chiffres généralement retenus, 7 000 selon l’écrivain Maurice Rajsfus ont pris part à l’opération des 16 et 17 juillet organisée à la demande des autorités d’occupation, mais sans leur participation. En outre une cinquantaine d’autobus de la compagnie du métropolitain ont été réquisitionnés avec leurs conducteurs.


La rafle devait en principe concerner les seuls juifs étrangers (la déportation des juifs de nationalité française viendrait plus tard) dont une liste avait été dressée mais les autorités françaises ont pris l’initiative d’y adjoindre les enfants, et devant l’insuffisance de la « prise » (la police tablait sur 22 000 arrestations) on s’est parfois montré peu regardant sur la nationalité.






La rumeur circulait depuis quelque temps d’une telle opération parmi la population juive, mais certains pensaient qu’elle ne concernerait que les hommes comme les précédentes, d’autres ne pouvaient pas y croire, la plupart de toutes façons n’avaient pas où aller.
La circulaire du directeur de la police municipale Emile Hennequin précisait que les opérations devaient être effectuées « avec le maximum de rapidité, sans paroles inutiles et sans aucun commentaire ». Les enfants ne devaient pas être confiés aux voisins mais emmenés en même temps que les parents. Les célibataires et les couples sans enfants ont été conduits directement au camp de Drancy, ouvert en août 1941, en vue d’une déportation rapide vers Auschwitz, tandis que les familles étaient dans un premier temps emmenés au vélodrome d’hiver.
Elles y resteront plusieurs jours dans des conditions épouvantables, car rien n’avait été prévu pour elles, ni sanitaires, ni eau, ni nourriture, ni matelas. Les gens, qui n’avaient eu le droit d’emporter que deux bagages dont un de vivres, s’entassaient sur les gradins parmi les pleurs des enfants et les odeurs d’excréments.
La collaboration de la police française à la chasse aux juifs décidée par les nazis dans la zone d’occupation avait été facilitée par la politique résolument antisémite adoptée par le régime de Vichy dès son installation : il instituait un "statut des juifs" le 3 octobre 1940, interdisait toute une série de professions (avocat, médecin, magistrat etc.) aux juifs, créait le 29 mars 1941 un « commissariat aux questions juives »...
En zone occupée le port de l’étoile jaune avait été imposé aux juifs le 7 juin 1942. Dès lors, pour ceux qui n’avaient pas eu les moyens de fuir, ou qui n’avaient pas pu éviter de se faire recenser en octobre 1940, il n’y avait plus d’échappatoire.

Source : AFP - le 15-07-2002

Un antisémitisme « moderne », venu des ghettos urbains, lié à des problèmes sociaux profonds et à la question palestinienne, se trouve renaître aujourd’hui en France…
Plus récemment, l’antijudaïsme lié au conflit israélo-palestinien à base d’identification (Juif/Israélien) est difficile à dissocier de l’antisémitisme traditionnel. Et on aura une pensée émue pour la mémoire du jeune Français Ilan Halimi, 23 ans, torturé et tué par des barbares parce qu’il était juif ! Et cela dans la France du troisième millénaire… Quel choc et quelle pitoyable régression pour notre civilisation !



"Éduquons, afin que personne ne soit plus interrogé ni sur ses origines, ni sur ses croyances." (Simone Veil)

Au regard de la loi l’antisémitisme - comme le racisme - n’est pas une opinion, mais un délit.


L’antisémitisme sévit en France, c’est un fait. De l’injure haineuse en passant par l’agression physique et jusqu’à l’incendie des synagogues, nous avons eu droit, en France, à toute la gamme de ce que peut offrir le crétinisme antijuif.
Plus sournois, soigneusement caché sous un antisionisme qui ne fait plus illusion à aucun observateur de bonne foi, il se manifeste dans les tribunes et prises de position des « progressistes » de tout poil. Ce sont les mêmes qui, défilant à la tête de cortèges où des abrutis hurlent « mort aux juifs ! », font semblant de ne rien entendre… Récemment encore avec de drame du Parc des Princes à Paris, lors du match PSG – Hapoël Tel-Aviv… ou encore avec la « Soupe au Cochons » : distribution pseudo caritative qui a vu le jour durant l'hiver 2004 à Paris. Lancée par l'association "SDF-Solidarité des Français", proche de mouvements d'extrême droite, dont le but est, selon l'organisation, de distribuer une soupe "gauloise" préparée à base de lard. Concrètement, cette distribution exclut "sciemment" les juifs et les musulmans, qui ne consomment pas de porc !
Pour autant d’après une dépêche (Reuters) du 2 janvier 2007- La justice a estimé que la distribution de "soupe au cochon" par une association proche de l'extrême droite n'était pas raciste et l'a donc autorisée malgré une interdiction de la préfecture de police de Paris. Dont acte.






La France est-elle pour autant antisémite ?

Un pays antisémite est un pays où l’antisémitisme constitue une force politique et morale significative.

Je considère que la France de la IIIe République, celle de Barrès, de Maurras et de l’affaire Dreyfus, était un pays antisémite. La France de la Ve République ne l’est pas, ni dans ses élites ni dans ses masses. Toutes les études depuis la guerre le prouvent d’abondance : quel que soit le critère abordé, le préjugé antisémite classique est en perte de vitesse. Où est donc le problème ?
Je rejoindrai, en dernière réponse, la thèse d’ Elie Barnavi, ancien Ambassadeur d’Israël en France qui considère que :
« …C’est ce même état d’esprit qui sévit dans les banlieues françaises. Entretenu par la frustration sociale, alimenté par la propagande anti-israélienne de certains milieux associatifs et des mouvements d’extrême-gauche, et porté à incandescence par les images quotidiennes de l’Intifada, c’est cet état d’esprit qui a allumé la violence antijuive de ces deux dernières années. Que faire ?
D’abord diagnostiquer correctement le mal, faute de quoi il est impossible de le combattre. Diagnostiquer correctement le mal, c’est avant tout éviter de tomber dans deux écueils également pernicieux. L’un consiste à nier tout bonnement la maladie. [...] L’autre consiste dans la confusion des genres et des époques.


NON ! La France de Jacques Chirac n’a rien à voir avec l’Allemagne de Hindenburg et de Hitler, ni la violence des banlieues avec la nuit de Cristal.


Un mal séculaire chronique ?

L’antisémitisme en France, s’il n’est pas représentatif de la pensée de la majorité des Français, demeure pourtant (comme je viens de tenter de le démontrer) un mal séculaire chronique, nourrit par la bêtise humaine et l’ignorance. Il faut le combattre et le dénoncer sans répit…

Condamner systématiquement l’antisémitisme ni suffit plus.

L’essentiel ne serait-il pas alors dans la promotion d’un débat républicain dont les thèmes pourraient être le refus de l’obsession des origines, quelqu’elles soient ?

Personnellement, il ne m'est quasiment jamais arrivé que l'on me présentât une personne (quelque soit le contexte) qui, au bout de quelques minutes, ne cède à La Question (devenue quasi rituelle bien qu'usante pour moi) :
"Quelles sont vos origines ?"
Et je vous épargne le nombre incalculable de fois où l'on m'a demandé quelle était "ma religion"...
Les plus choquantes ou mémorables étant à l'occasion d'une Soutenance à l'Université, d'entretiens d'embauche ou administratifs (rappelons que la France étant un pays laïque, nul n'est tenu de référer de ses croyances -ou non croyances- religieuses !).

Il est urgent de mettre fin à l’ethnicisation des comportements, en faisant largement circuler l’idée que les actes et les paroles des uns ou des autres ne peuvent être exclusivement rapportés à leur origine sociale, religieuse ou même ethnique (puisqu’il y a encore des gens pour qui ce mot recouvre une réalité) !

















Enfin, voici quelques blagues juives pour ne jamais perdre notre sens de l’humour !


C'est Moshé et David qui sont chez le rabbin. Moshé lui demande : "M. le grand rabbin, est-ce que le noir, c'est une couleur ?"
Alors le rabbin réfléchit, et ne trouvant pas la réponse, convoque deux autres rabbins, lisent deux ou trois fois la Bible et en fin de compte, le rabbin répond a Moshé : "Eh ben, oui, le noir, c'est considéré comme une couleur parce que c'est par définition l'absence des autres couleurs"
- D'accord M. le rabbin mais est-ce que le blanc est aussi une couleur?
Alors la, le rabbin il convoque tous les rabbins de la ville et ils forment un tribunal, ils lisent la bible 6 fois et tous les commentaires (le Talmud, pour la culture) deux fois, et ils reviennent. Le rabbin lui répond : "Oui, le blanc, c'est une couleur puisque c'est un ajout continu de toutes les couleurs..."
Alors Moshé se retourne vers David et lui dit : "Tu vois je t'avais dit que j't'avais vendu une télé couleur..."

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Abraham dit à Jacob: - Ch'suis malade, mais j'ai peur d'aller chez le toubib, parce que ça coûte cher, quoi! - Ben, tu devrais aller chez le docteur Samuel. Il pratique un tarif dégressif! Quand on revient le voir, il ne prend plus que la moitié!! Abraham se présente donc chez le Dr Samuel, et déclare tout de go: - Bonjour Docteur! C'est encore moi!!

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6 Juifs ont changé la manière de voir le monde:
Moise a dit : "Tout est loi."
Jésus a dit : "Tout est amour."
Marx a dit : "Tout est argent."
Rockefeller a dit : tout est à vendre
Freud a dit : "Tout est dans la tête." ou "Tout est sexe"
Einstein a dit : "Tout est relatif."

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Moshé et David se rencontrent après 15 ans. Ils se voient, ils se sautent dans les bras : Oh mon frère, comment ça va ? (Avec l'accent donc) etc. etc.
Alors, David demande à Moshé : ça va la vie alors frère ? Et l'autre répond :

- Oh la la, j'ai une vie parfaite, j'ai une entreprise de 5555 salariés (clin d'oeil aux initiés), je suis patron de 3 boites, je suis côté en bourse, le fric, je roule dessus, j'ai deux yachts, une maison à Deauville, une à St Trop' et une à New-York, j'ai trois voitures, toutes avec chauffeur, ... et ma femme, c'est un top model, super gentille, super intelligente et très attentionnée, très douce, j'ai trois gosses adorables, tous brillants (médecin, avocat et ingénieur), j'ai une vie formidable, j'ai plein d'amis, enfin, tout le monde m'aime. Une vie vraiment formidable... Et toi ?
- Moi ? J't'emmerde !!

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C'est un petit monsieur juif avec l'accent qui rencontre une belle américaine et qui lui dit : Madame je serais heureux d'avoir un rendez-vous avec vous demain !
L'américaine lui répond : Never !!!
Alors le monsieur juif lui répond: - Never, never et demie... Avec plaisiiir !

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Dans un Wagon de chemin de fer, arrive un jeune juif tout de noir vêtu. Il s'assied à côté d'un homme qui indéniablement est juif aussi (Vêtu de noir, chapeau, barbe, etc.) Passe un moment.
Le jeune: "Monsieur, auriez-vous l'heure s'il vous plaît ?"
L'autre imperturbable continue de lire la Tora. Un long moment passe.
Le jeune: "Excusez-moi monsieur, pourriez vous me donner l'heure ?"
Le vieux ne bouge pas, ne répond rien. Le temps passe, et enfin le train arrive au terminus.
"Il est 17h30" dit le vieux
"Mais pourquoi vous me le dites maintenant, nous sommes arrivés, je n'ai plus besoin de savoir l'heure"
Le vieux : "Si tout à l'heure je vous avais prêté l'heure, nous aurions lié connaissance, on aurait parlé. J'aurais appris que tu connais untel, que moi aussi je connais, on aurait sympathisé, tu serais venu chez moi, tu aurais rencontré ma fille. Comme elle est belle ma fille, tu serais tombé amoureux, tu aurais voulu l'épouser... Et t'imagines que je vais donner ma fille à un garçon qui n'a même pas de quoi s'offrir une montre !!!"

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C'est un juif qui téléphone à sa mère : - Allô Maman ? Comment ça va ? - Ça va bien... - Oh ! Désolé, mais je me suis trompé de numéro...

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3 mères juives sur une plage de Miami parlent de leurs rejetons. La première : Mon fils est venu chez moi la semaine dernière, il m'a dit : Maman, tu as vu dans quoi tu vis, tu mérites mieux que ça. Et il a renouvelé le mobilier de tout l'appartement.
La seconde : Moi, c'est pareil, il m'a dit : Maman, tu as vu comment tu es habillée..? Et il a renouvelé toute ma garde-robe.
La troisième ne dit rien et sourit.
Alors les deux autres : Et vous ?
La troisième dit enfin : Moi, c'est encore mieux. Le mien, il va trois fois par semaine chez un monsieur qu'il paye très cher et il ne lui parle que de moi. (Woody Allen)

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C’est un Père Noël juif qui entre et dit: "Bonjour les enfants, qu'est-ce que je vous vends ?"

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Un gamin va voir sa mère et lui demande : "Dis maman je suis juif ou arabe ?" "Ton père est arabe et moi je suis juive alors tu es les 2 mon fils... Pourquoi cette question ?" "C'est parce qu'il y a en bas une mobylette et j'hésite entre la voler et la vendre"

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Une mère juive téléphone à la gare et dit : - Allô, à quelle heure il vient le train de mon fils ?

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Un rabbin et un curé sont dans un compartiment de train.
Le curé demande au rabbin:
- C'est vrai qu'il vous est interdit de manger du porc?
- Oui.
- Et vous n'en avez jamais mangé?
- À vrai dire, juste entre nous, une fois quand j'étais bien jeune, la curiosité m'a tellement poussé... Enfin, j'ai essayé un sandwich au jambon. Depuis, je l'ai toujours regretté, et j'espère que Dieu me le pardonnera.
Au bout d'un moment, le rabbin continue...
- Et vous, il vous est interdit tout rapport physique avec une femme?
- Oui, effectivement, c'est interdit.
- Et vous ne l'avez jamais essayé?
- Pour être honnête, comme vous, la curiosité m'y a bien poussé. Une fois, étant tout jeune, je suis allé dans un bordel. Mais j'ai bien servi Dieu depuis, et je suis sûr qu'Il me pardonnera ce petit écart.

Et avec un petit rire, le rabbin lui répond:
- C'est autre chose que du porc, hein?